Dernière cartouche
C’est vers la fin des trente glorieuses jusqu’à environ la fin du siècle. C’est dans une famille bien comme il faut. Elle catho, lui hâbleur. C’est une de leurs filles qui raconte. C’est la vie qui pétille sur un quai de gare, dans une cuisine ou sur une terrasse de bistrot. C’est peint avec un œil entraîné. C’est à écouter jusqu’à la queue du chien qui balaye le mur, c’est à ressentir jusque dans le mouchoir qu’à l’église on serre et on desserre cent fois d’une main triste. C’est plein d’émotions coloriées d’une main de maître à la plume-pinceau aiguisée.
Il y a des mensonges cherche-bonheur, des trahisons et de la tendresse simple, des caractères affirmés et d’autres qui voudraient l’être. C’est drôle comme les Pieds nickelés. C’est mélodramatique comme au cinéma de quartier.
Ça pleure sur un volant, ça se retient à peine de rire de la voiture cabossée.
Ça vous fout le blues et ça vous fait rigoler. C’est triste et gai, émouvant et drôle, vivant et figé comme une vieille photo de famille.
C’est d’une écriture détachée et à fleur de peau. C’est parfois plein de douceur tendre et moelleuse dans laquelle on a envie de se vautrer. Faites-vous plaisir, mangez cette histoire comme un gâteau à la crème, comme vous le pouvez sans assiette ni cuillère. Vous en aurez partout. Puis léchez-vous les doigts. Vous vous demanderez ensuite ce que contenait ce gâteau qui vous laisse ce léger goût d’amertume. Et plus rien ne sera comme avant.
Dernière cartouche ; Caroline de Bodinat – Stock