Pour corriger un écrit
Quand on est correcteur, faire d’abord tourner Antidote, logiciel de correction professionnel performant. Il détectera beaucoup des fautes résiduelles notamment en typographie. Et si on lui demande d’insérer une espace (oui, oui, féminin, « espace », en typographie) oubliée avant les deux-points « : », il l’ajoutera devant tous les deux points du document ! Performant, non ?
Procéder ensuite à la traque des fautes par la lecture du texte. Oui, Antidote, aussi performant soit-il, se fourvoie parfois dans une syntaxe alambiquée. Antidote, correcteur performant, mais pas infaillible…
Traquer les fautes
Traquer les fautes, car quand on est correcteur professionnel, on sait où elles se camouflent habituellement, on connaît leurs cachettes favorites. On peut alors les dénicher, les débusquer, les piéger pour les supprimer en remplaçant le mot fautif par un mot réparé, ou par un mot tout neuf qui conviendra mieux dans le contexte.
Évincer un indicatif intempestif en lui substituant un subjonctif : « on craignait que j’aie mal » et non « que j’ai ».
Pléonasmes fourbes…
Démonter les pléonasmes fréquents comme « voire même », « dépense somptuaire », « car en effet », « préparer à l’avance », « ces données interagissent entre elles », etc.
Enrichir le texte
Pour certains textes, abandonner les verbes pauvres employés à tire-larigot – être, avoir, aller, dire… – au profit d’autres verbes plus justes, plus riches, plus fleuris, plus odorants, plus sonores, plus évocateurs : « mal habiller » par « attifer », « être très joyeux » par « exulter », « parler avec orgueil » par « pérorer », « aller » par « se rendre, gagner, errer, galoper, pénétrer, déambuler, cheminer, distancer, se hasarder, se traîner, aboutir, accompagner », etc.
Enrichir le texte par l’emploi de mots plus travaillés dignes d’un correcteur honnête ou susciter la curiosité par l’exhibition de mots étranges : la murmuration d’oiseaux, s’en méfier comme d’un patte-pelu, mener une vie sardanapalesque…
Parfois un langage plus simple
Pour d’autres textes, accepter un langage plus simple, plus parlé, mais néanmoins correct : Les courses en vrac demandent de trouver un peu son coup de main et on vous garantit qu’avec le temps ça viendra. On les voit parfois dans les rayons, les Jedi du vrac, ceux qui volent de silo en silo tellement le versement paraît facile. Bientôt, vous rejoindrez cette confrérie plus si secrète, et vous aussi vous pourrez regarder les novices avec ce regard plein de bienveillance et de compréhension (d’amusement aussi, on va pas se mentir. Mais on évitera la condescendance…).
Relire enfin l’ouvrage en correcteur expérimenté, appréhender l’ultime détail, le considérer dans son entièreté, apprécier sa justesse, déguster son piquant, savourer son élégance.
Que le texte à la fin sur le métier finisse
Qu’on l’ajuste, le polisse, le ponce, le vernisse
Au besoin à l’envi qu’on le lustre, l’embellisse
Que sous son plus beau jour enfin il nous ravisse