Dites-le avec des fleurs ?
Dans le langage écrit, peut-on utiliser le langage des fleurs ?
Oui et non !
Les fleurs et leurs symboliques ont été largement employées jusqu’au XVIIIe siècle au point que dès qu’on tente leur utilisation aujourd’hui, on risque le cliché, les images éculées de la jeune fille en fleur, des romans à l’eau de rose, des sentiments fleur bleue, de la mauvaise graine ou de la fine fleur…
Bien que la littérature s’en soit éloignée depuis le XIXe siècle, l’emploi de telles tournures appelle encore la méfiance du lecteur et risquerait de renvoyer de vous l’image d’une plume simpliste.
Méfions-nous donc de l’image de la marguerite — je t’aime un peu, beaucoup… —, de la mauvaise herbe ou de la pâquerette, cette fleur symbole de la virginité et gardons-nous de présenter nos écrits une fleur à la boutonnière, de partir en conflit la fleur au fusil ou d’aller conter fleurette.
Pourtant, avec une dose de finesse, un brin d’érudition et un peu de classe, il y a moyen d’user encore de figures de ce style.
Ceux qui me connaissent le savent, je suis un passionné de Brassens, tant son érudition est immense, son travail acharné et donc son verbe juste.
C’est chez lui, qui voulait devenir un grand écrivain et qui devint un grand poète, un écrivain de la langue des dieux en somme, que l’on peut trouver un peu d’inspiration.
Il existe encore des figures de style floral qui permettent d’exprimer de manière originale, singulière, ce que l’on veut dire.
Connaît-on encore aujourd’hui, par exemple, le langage fleuri, antiphrase évocatrice d’un langage grossier ?
La langue des dieux
Alors après François Villon, précurseur de la poésie moderne,
Dictes moy où, n’en quel pays,
Est Flora, la belle Romaine
Ballade des dames du temps jadis
ou Flora, déesse romaine, joue le même rôle dans le monde floral que Vénus dans le monde des humains, voici quelques images extraites du langage des fleurs selon mon poète préféré :
Si les fleurs le long des routes
S’mettaient à marcher
C’est à la Margot sans doute
Qu’elles feraient songer
Je suis un voyou
Encore une fois dire : « je t’aime »
Encore une fois perdre le nord
En effeuillant le chrysanthème
Qui est la marguerite des morts
Le testament
Ça manquait de marquises
On connut la soubrette
Faute de fleurs de lys
On eut la pâquerette
Les amours d’antan
ou la symbolique des fleurs pour évoquer les différences de statut social.
Mais aucun d’eux
N’a fait fi de
Son temps jadis
Tous sont restés
Du parti des
Myosotis
Le vieux Léon
où il faut savoir que dans le langage des fleurs, le myosotis signifie “ne m’oublie pas”.
Et vous, avez-vous des exemples d’expressions originales issues du langage des fleurs ?