La maïeutique ou l’art d’accoucher…
Voici poindre le mois de mai, celui pendant lequel on pourra, paraît-il, « faire ce qui nous plaît », même s’il nous faudra soumettre cet adage à l’épreuve du déconfinement. C’est accessoirement le mois de mon anniversaire puisque je suis né un 1er mai, « à 10 h du matin, pendant le défilé » comme aime encore à me le rappeler ma mère de 99 ans !
C’est le cinquième mois du calendrier julien puis grégorien, baptisé ainsi en l’honneur de Maïa.
Dans la mythologie grecque, Maïa est notamment la mère d’Hermès. Son nom signifie « petite mère », hypocoristique (petit surnom gentil, affectueux) traditionnellement donné à la nourrice, à la grand-mère, à la sage-femme. Dans la mythologie romaine, Maïa est la déesse de la croissance et dans la mythologie hindoue, elle est la personnalisation féminine du principe créateur.
Maïa a donc donné naissance, c’est le cas de le dire, à la maïeutique.
Dans le milieu médical, la maïeutique c’est l’art de l’accouchement, la science médicale pratiquée par les sages-femmes.
« Faire accoucher les esprits »
Et dans le domaine de la philosophie socratique, c’est l’art de conduire un interlocuteur à découvrir et à formuler les vérités qu’il possède en lui. L’art de le faire accoucher de ses pensées, d’une certaine manière.
Je dois dire que dans le cadre de mon activité, c’est un des aspects que je préfère. Quand on me consulte pour l’élaboration d’un propos comme pour la rédaction d’un site Web par exemple, le premier entretien c’est d’abord une rencontre. Puis, une fois la confiance installée, c’est la découverte d’une personnalité singulière, d’un nouveau parcours, d’une nouvelle richesse et je réalise alors un beau voyage. C’est là un de mes moteurs, une de mes motivations profondes qui m’a fait me lancer dans mon activité d’écrivain.
Parfois, l’interlocuteur est un peu timide, réservé, pudique et il me faut alors user de toute mon empathie façonnée par mon parcours de vie – éducateur spécialisé, père au foyer, maire, formation à l’hypnothérapie – pour pratiquer la maïeutique.
Et j’aime, au cours de l’entretien, voir mon interlocuteur s’ouvrir petit à petit, délicatement, puis sourire et finalement s’enflammer pour se raconter avec passion. Le plus souvent, il s’épanouit comme une fleur au soleil. La relation devient alors parfumée et le fil rouge, le guide du propos à venir peut alors prendre corps, devenir iridescent. Dans la pivoine comme la Duchesse de Nemours, le reflet iridescent qu’on devine sur les pétales blanches délicatement assemblées sert de guide à nectar pour les pollinisateurs. Dans le propos, il devient l’essence même de la matière qui guidera l’intérêt des futurs prospects.